Les drames de l’émigration clandestine ont beau faire la Une des journaux télévisés et autres sites d’informations, les jeunes veulent toujours partir, vaille que vaille…
A Gao, un centre d’accueil (situé aux portes du désert algérien) reçoit ceux qui partent ou qui reviennent sur leurs pas. Le film s’ouvre sur des tombes d’inconnus. Puis des témoignages émouvants fusent.
On ne peut s’empêcher de s’attarder sur le sort de cette jeune fille burkinabè de 16 ans, brisée dans son enfance, sans parents, partie de Gaoua et que rien, ni personne ne peut convaincre de faire demi-tour. « Peut-être que mon destin c’est l’Algérie ou d’autres pays, mais retourner au Burkina c’est impossible. Même aller dans les pays limitrophes du Burkina, ne m’intéresse pas ». Stoïque, le regard hagard, elle est plus que déterminée à partir, à fuir la réalité vécue. « Je veux seulement avancer, être libre, me libérer, être fière de moi-même ».
Elle avoue aimer la vie et dit que même s’il y a des moments douloureux, il faut supporter.
Le centre d’accueil aura au moins réussi à la « décharger » du poids lourd de son passé en l’aidant à communiquer. Dans un dernier vœu, elle lance une supplique « si seulement vous pouviez m’aider… si vous voulez vraiment m’aider, il faut me laisser partir… » La musique de fin résonne en écho à l’histoire. Triste. Beau. Puissant. Juste.
Le film se referme sur elle et sa copine dans le noir, se dérobant du centre pour partir effectivement vers l’inconnu. On ne peut alors s’empêcher de penser à la suite, à ce qui les attends. Mais ça, c’est une autre chose, un autre film.
Nous avions déjà découvert Sama sékou avec son film « Les Héritiers de la colline » que nous avions bien accueilli par une note critique sur ce site. Avec ce nouveau film, il confirme non seulement qu’il a du talent, mais prouve à souhait qu’il est un observateur attentif des mutations de nos sociétés et un chantre de la jeunesse africaine.
A.Yasser BABA