Guled est fossoyeur. Jeune il rencontre une jeune fille en pleurs. Il apprend que les parents de cette dernière veulent la marier de force à un vieil homme qu’elle ne connait même pas. Il propose de l’épouser, et de fuir le village. Jusque-là, rien que du classique.
Mais des années après, la femme que Guled aime, lui a donné un fils (Mahad) et est très gravement malade. Son boulot qui lui permet à peine de vivre, ne suffit pas pour prendre en charge les soins de Nasra qui se meurt à petit feu. Après avoir cherché vainement une solution, Guled se résout à retourner au village, où il y avait laissé son troupeau, pour le ramener et le vendre afin de sauver la femme qu’il aime. Mais les plaies du passé ne se sont pas refermées, malgré les années… Pendant ce temps, Mahad qui sombrait doucement dans la délinquance juvénile, va se ressaisir et faire des petits boulots dans la rue pour rassembler de l’argent et veiller sur sa mère. Les retrouvailles entre le fils et la mère malade donnent lieu à de tendres face à face, de tendres moments de vie comme la scène où elle lui raconte la rencontre avec son père.
« La femme du fossoyeur » est un véritable bijou cinématographique, une bouffée d’oxygène qui nous vient de Somalie. Une ode à l’amour car le film aurait pu être titré « Pour l’amour d’une femme ».
On ne peut que souligner la qualité de l’écriture, soutenue par un montage vif et efficace. Souligner la remarquable photo de Arttu PELTOMAA qui, de décors rocailleux du village ou crades de bidonvilles, en vient à livrer des images sublimes, à tel enseigne que le malaise nous gagne car la pauvreté est « belle » à filmer. Souligner enfin la prestation sobre et efficace des comédiens qui transmettent avec aisance leurs émotions aux spectateurs.
La « femme du fossoyeur est un sérieux prétendant à l’ étalon d’or au FESPACO 2021 et son réalisateur Khadar Ayderus Ahmed, signe avec ce film, une entrée magistrale dans le cercle des auteurs talentueux, mais aussi et surtout un nouveau chef-d’œuvre du cinéma africain .
G.D
J’apprécie que le prix ait été donner à la femme du fossoyeur.