Le réalisateur Daniel KAMWA est un résistant au sens propre comme au sens figuré. Il a résisté au temps qui passe, résisté aux mutations du secteur audiovisuel. A 82 ans sonnés, certains auraient préféré qu’il se la coula douce, et qu’il laissa la place à plus jeune oubliant que dans un secteur comme le cinéma, parler de limite d’âge c’est méconnaitre le domaine.
Par sa présence, son omniprésence, Daniel Kamwa résiste et nous montre à souhait la voie à suivre. Depuis son premier film « Boubou cravate » en 1973 et surtout son film à succès « Pousse-Pousse » en 1976 avec lequel il a pris part au 3e FESPACO, que d’épreuves d’embuches et de déceptions. Que d’alibis pour ranger à jamais sa caméra… Il aurait pu baisser les bras, laisser tomber… ou simplement aller se reposer… Mais non, il a repris sa caméra pour nous proposer « Petit-Jo » l’histoire d’un enfant des rues orphelin.
A fois réalisateur et acteur, il y incarne le rôle principal dans le film qui dure presque deux heures. L’œuvre elle-même ne figurera pas au panthéon du cinéma camerounais ou africain, mais c’est un brillant plaidoyer social pour l’enfance en difficulté, servi par une écriture quasi didactique.
Aujourd’hui Daniel Kamwa incarne (sans intention péjorative) cette ancienne garde du cinéma africain avec les Sembène, les Timité Bassori et autres Oumarou Ganda, venus au cinéma parce qu’ils avaient des choses à dire, et non pour se faire une place au soleil.
Qu’il nous soit permis de saluer ce courage et cette ténacité, en espérant que la leçon sera retenue. Chapeau, Maestro !
Mimtiri D.