En l’absence d’un véritable fonds de financement consacré au cinéma, l’arrivée du PAIGC-UE a été salué comme une bouffée d’oxygène qui pourrait contribuer durablement à relancer le cinéma national.
A peine a-t-on publié les résultats du premier appel à projet que l’on se rend très vite compte que la relance promise ou rêvée ne sera pas pour bientôt.
Déjà l’installation de ce fonds au sein du FDCT n’était pas bien perçue par nombre de professionnels qui ne voient encore pas ce que ce « machin » a apporté au cinéma national en quelques années d’existence.
Soucieux sans doute de ne pas laisser échapper le « gombo », il a fallu que les cerveaux de ladite structure opèrent des contorsions et des contournements aux textes du FDCT même, pour loger mordicus le PAIGC en leur sein.
D’aucun soulignent que le forcing a été opéré avec la bénédiction de l’ancien ministre et celle de certaines organisations de professionnels dont des dirigeants muent, la nuit venue, en consultants pour la même boîte. Il semblerait même qu’une vaste opération de placement de fonctionnaires (affectations) ait été orchestrée pour s’assurer que le partage du gâteau serait bien maîtrisé.
Décembre 2020, la bonne nouvelle de l’ouverture du bal a été lancée après des longs mois d’explications et de communications. En découvrant les documents demandés pour le premier appel à projet, on a tout de suite vu, l’inadaptation au contexte des projets cinéma tels que cela se fait depuis des lustres à la fois au niveau national et international.
« C’est le financement de l ‘UE qui veut ça » nous a-t-on seriné. No comment !
Certains se sont retournés vers la DGCA pour comprendre comment de tels formulaires ont pu être conçus et appliqués. Stupeur, la DGCA n’aurait même pas été consultée, et aucun de ses agents ne siège même au sein de la commission. Bizarre… la Direction nationale du cinéma, ignorée alors que plus de 400 millions ont été distribuée au secteur…. Ok, c’est sans doute le « financement de l’UE qui veut ça » encore ?
Qui compose donc cette fameuse commission chargée d’examiner les dossiers du cinéma ? Sur quelle base ont-ils été coptés ?
Nous avons vu plusieurs fois le FDCT faire des appels à candidature mais cela peut-il être de mise pour un projet aussi majeur ?
De ces fameux experts, occultes puisque aucune liste publique ne les mentionne, des noms nous sont parvenus et au regard des résultats actuels le délit d’initié pour certains est flagrant.
Sans enlever le mérite à certains lauréats, il faut tout de même convenir qu’un expert qui aide à monter un dossier ou qui prendra part (plus tard) à un projet, ne peut que le soutenir en commission.
Nous demandons la publication des listes des experts qui étudient les dossiers. A moins de nous insulter et de nous rabaisser au point de penser que le discernement, la neutralité et le respect, ne pourra plus être effectif pour ces commissionnaires s’ils sont connus.
A titre de comparaison, la liste des membres des commissions du CNC français sont publics, les membres des commissions cinéma de l’OIF sont publics, les membres des commissions de divers fonds sont connus. Que craignez-vous ou que cachez vous ?
Un regard sur certains projets retenus et nous comprenons que tous les secteurs ont été « arrosés » sans stratégie pour faire plaisir, mais cela sert-il le cinéma national ?
Il faut dire que ce n’est pas la question que certains se sont posés, allant même à accorder un financement à des « sketches filmés» ou du « cinéma d’amateurs » au détriment de projets plus solides, mieux structurés et bénéficiant déjà d’appuis extérieurs. De quelle relance parle-t-on ?
On pourra opposer à cet argument le prétexte fallacieux des conditionnalités qui ne sont jamais pareilles, nous rétorquerons qu’en matière de cinéma c’est la consistance et la viabilité du projet qui priment.
On en vient à penser à une cabale ourdie contre certaines personnes et leurs projets pour régler des comptes et/ou les isoler définitivement du cercle du cinéma.
Depuis des années, nous appelons de tout cœur un audit sur le financement public du cinéma au Burkina et l’on verra où l’argent public est allé, qui il a enrichit et quel est le parcourt des œuvres soutenues.
Il est tellement difficile de faire du cinéma dans nos pays par ces temps que le moindre espoir ne devrait pas être tué si vite.
Nous avons vu en l’arrivée de ce financement de l’Union Européenne, une opportunité pour relancer le cinéma et l’audiovisuel national mais les résultats de ce premier appel à projets nous font déjà déchanter.
A. Yasser BABA