Avant toute chose, disons ce qui doit être dit : Le documentaire est bien chez lui à Koudougou. Pourquoi ?
C’est bien de Koudougou la frondeuse que le capitaine Boukari Kaboré dit le Lion, a organisé la résistance lors de l’assassinat de Thomas Sankara en 1987. C’est bien cette ville rebelle qui a vu naitre Norbert Zongo un jour de juillet 1949, lui dont la mort a fécondé (entre autres) des films et des festivals. Et que dire du regretté Sakama Pierre YAMEOGO, né en mai 1955 à Koudougou, lui l’iconoclaste et baroudeur cinéaste parti trop tôt ?
Ville de créateurs, Koudougou est aussi le fief de Koudbi Koala, l’homme des Nuits Atypiques, ville de François 1er couturier émérite, ville de… Zongo Seydou dit ZS, et j’en passe et non des moindres…
Le documentaire parce qu’il embrasse tous ces superlatifs (frondeur, résistant, créatif, politique) est donc bien chez lui à Koudougou.
Lorsque Michel Zongo installe donc les pénates de son festival dans sa ville, il ne le fait pas seulement par chauvinisme, ou par régionalisme.
Nous savons, qu’il est de bon ton, que les fils de chaque bourg initient quelque chose pour montrer qu’ils ont réussi et qu’ils n’oublient pas d’où ils viennent. Noble, mais pas suffisant.
Cahin-caha, le festival s’est implanté et cette année, alors que la Covid n’en finit pas de faire parler d’elle avec son lot de morosité économique et social, alors que la chaleur étouffante du mois d’avril se couple avec le ramadan, Koudougou Doc se tient. Malgré tout. Rester debout quoi qu’il arrive.
En cette soirée du vendredi 30 avril, dans la cité universitaire Fasotex de l’Université qui porte le nom de Norbert Zongo, passent les films « le bateau qui pue » de Bagassi KOURA et le documentaire « Fanon, Hier et aujourd’hui » de l’Algérien Hassane MEZINE. Un public clairsemé mais attentif est au rendez-vous.
Deux heures plus tard, la projection terminée, certains ont du mal à partir, demandent même un « lenga », un bonus.
Mon incursion à Koudoudou prend fin avec la nuit qui de son épais manteau couvre déjà la ville, je profite pour m’éclipser et rejoindre Ouagadougou avant minuit.
Sur mon chemin, je passe devant la cour du mythique collège St Joseph Moukassa, fleuron d’une certaine élite nationale pendant des décennies.
Je ne puis alors m’empêcher de penser aux belles années de mon adolescence passée dans l’internat de cet établissement. C’était un autre temps, une autre époque….
Au collège Moukassa, un frère missionnaire de la Sainte Famille, Marc Mercier dit VIEUX, s’évertuait déjà à nous inoculer le virus du… cinéma. Chaque samedi, il ramenait de Ouaga dans sa fourgonnette, quelques bobines 16 mm et le soir venu, sagement assis sur les briques en ciment, nous avions rendez-vous avec Charlot, mais aussi et déjà avec, « Touki Bouki » de Mambety, « la noire de… » de Sembène, « la femme au Couteau » de Timité Bassori…
Indubitablement, Koudougou vaut bien un festival…
G.D